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6 octobre 2009

Coup de gueule


 Le Figaro du 04/10/2009 - Copie d'écran du site www.revue2presse.fr

Tous les matins je vais sur le site Revue2presse : http://www.revue2presse.fr/home.php et quand j'ai vu ce sous-titre "La fragilité individuelle et le manque de support social sont autant à incriminer que la pression du management", j'ai bondi, et hurlé devant mon écran. C'est odieux.
Clairement, la règle du jeu le "Maillon faible" officiellement appliquée, pour de vrai, et étalée en gras sur le journal porte-parole du gouvernement.
Ceci dit, cela est cohérent avec les propos de Sarkozy sur le suicide en tant que faiblesse génétique, qui sont passés en leur temps comme une lettre à La Poste (clin d'oeil)...

Faiblesse individuelle... la faiblesse d'être quelqu'un de consciencieux, qui aime profondément et croit en son métier ? La faiblesse de quelqu'un qui aspire au respect de ce qu'il est ? La faiblesse de quelqu'un qui a besoin d'un univers familial, amical, social un tant soit peu stable et que l'on déracine tous les ans ? La faiblesse de quelqu'un qui réfléchit par lui-même, pense et ne vendrait pas son âme au diable pour servir les intérêts d'actionnaires sans scrupules ?

"Se soumettre ou se démettre",  telle était la devise entendue à chaque coin de porte de l'entreprise appartenant à un groupe de la même taille que France Télécom où j'ai passé quelque temps, ça fait envie, non ?

Comment peut-on rejeter la faute sur des personnes poussées à bout, dans une souffrance telle que la vie leur est devenue insupportable ? C'est contraire à toute analyse psychologique respectant la personne et son fonctionnement, qui elle, oui, est singulière, avec son histoire, ses blessures, ses peurs et ne réagit pas comme une machine. Tout le monde ne se suicidera pas dans une telle situation, mais bien sur, c'est la conséquence la plus médiatique, celle qui est mise en avant. Mais combien de maladies physiques (maux de dos, ulcères, cancers, etc), de conduites à risques, addictives, de compensations diverses, qui sont autant de réactions face à la souffrance au travail ?

Paradoxe insupportable : notre société de compétition pousse à s'impliquer corps et âme dans le travail, veut des battants, des "winners", des "killers", qui consacrent leur énergie à leur entreprise, et quand on leur retire le sens même de ce qui les a fait littéralement s'oublier en tant qu'individu, on s'étonne que ça se passe mal ? "il (elle) a toujours été fragile"... "ça devait arriver" etc.

Je vous renvoie sur l'émission "Mon oeil" du 03 octobre dernier (lien dans le message précédent).




A voir aussi, un film sorti en 2006, de Fabienne Godet, avec Marion Cotillard, Dominique Blanc, Julie Depardieu et Olivier Gourmet : "Sauf le respect que je vous dois". Il est resté très confidentiel, on se demande pourquoi...




Et aussi, à lire, toujours une référence :"Le harcèlement moral", de Marie-France Hirigoyen.