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17 décembre 2009

Bloody wednesday

Aujourd'hui, c'était la deuxième vraie grande manif  : "Reclaim Power ! Pushing for Climate Justice" dont le but était de pénétrer à l'intérieur du Bella Center, d'interrompre les négociations officielles et avec des groupes présents à l'intérieur de la conférence, d'organiser une "assemblée des peuples" destinée à porter les mesures autrement plus ambitieuses (et un chouïa révolutionnaires...) des ONG, partis politiques et autres diverses organisations.
Bon, l'idée était intéressante, mais un petit peu utopique, dans un monde réel où le rêve n'a pas vraiment sa place...

"That's our climate, not your business !"

Le rendez-vous était donné à la station de train Tarnby (il y a un ° sur le a, mais désolée, je n'ai pas - encore - un clavier danois !), dès 8h du matin. Temps de chien, neige plus ou moins fondue, mais comme je l'ai déjà dit (si ce n'était pas encore dit, cette fois c'est fait), j'arrive bien à endurer le froid ici, peut être parce que je m'y attends et m'équipe en conséquence, mais pas seulement à mon avis. Bon, ceci dit, je ne suis pas là pour parler du temps.
Une foule d'environ 1000 personnes (d'après le journal Politiken), motivée, pacifique, joyeuse, mais néanmoins déterminée est présente au meeting point.
Quelques images du démarrage et du cortège très festif et détendu, malgré les policiers en nombre, en escorte et tout au long du parcours.

Une batucada endiablée menée de main de maître par cette jeune femme




Mes amis de l'Armée des Clowns (français), étaient là pour aider les policiers dans leur tâche, comme vous pouvez le voir sur la dernière photo... et ils ont bien animé le cortège


Un sympathique groupe de représentants des "greenwashers"

Bon, jusqu'au Bella Center, tout allait bien. C'est là-bas que les choses se sont corsées. Tiens, c'est drôle, les policiers ne semblaient pas décidés à laisser entrer les manifestants, ni même d'ailleurs s'approcher (même de loin !) du fameux centre où se joue la vie de la planète. Warf warf warf ! MDR - LOL - PTDR : prétentieux humains qui croient pouvoir maîtriser la nature et changer son cours en réunissant durant un seul jour, vendredi, quelques petits chefs qui vont brasser du vent dans un grand tourbillon médiatique. Sorry, but I'm so exhausted...
A partir de là, l'atmosphère a radicalement changé : fini de rigoler, on lâche les chiens armés et casqués jusqu'aux dents, avec cars qui foncent sur les manifestants, destructions des vélos des Bike Blocs, coups  de matraques, jets de lacrymo, et autres "pichenettes", et ça, j'ai testé pour vous. Car, unfortunately, quand les policiers ont commencé à pousser le cortège, j'étais juste en première ligne... Ils procèdent comme on rassemble un troupeau : tout ce qui est dedans, on le fout en cage (les fameuses cages de "préventive", issues de la loi dont j'ai déjà parlé dans un précédent article). Donc, je me suis retrouvée dans une situation inédite pour moi, broyée par la foule, sans aucune échappatoire, avec des abrutis de flics qui poussent sans réfléchir (pléonasme, et j'assume tout ce qui est écrit ici), au risque que les gens s'auto-écrasent parce qu'il n'y avait pas assez de place, à cause de la présence juste à côté de la route d'une sorte de marécage, et on risquait soit de tomber dedans, soit de se faire étouffer avec les autres... charmante alternative, moi j'avais déjà choisi le marécage, même très froid ! Bon, cela n'est pas allé jusque là, j'ai réussi à me mettre juste au bord,  là où ça poussait moins. J'ai continué à prendre des photos, mais ça ne plaisait pas trop à ces messieurs les Politi, et l'un d'entre eux à commencé à me "poussoter" tendrement. Une fois, je me rebelle je lui dis de se calmer. Du coup, ça l'énerve, le pauvre chéri était sans doute susceptible, et il en remet une couche, et cette fois-ci je peux me rendre compte que c'est un homme, un vrai. Oh oui, encore. La troisième fois fut la bonne : je me retrouve violemment projetée à terre, bing le genou par terre... pas de mal, pas trop, j'échappe à la lacrymo aussi, mais niveau émotionnel, c'est très dur de ressentir une telle violence, totalement aveugle, et à ce moment-là, j'ai juste pensé que j'étais en danger, j'ai eu peur pour ma vie, et j'avais juste envie de me protéger de cette inhumanité totale... je me suis écartée, car enfin je pouvais le faire, mais pas trop, pour continuer à photographier, parce qu'il le faut...

Assez de blabla :

Ma copine clown et ses nouveaux amis...



Bye-bye bicycles !



Non, non, cette jeune fille n'est pas triste : il y a quelques minutes, elle souriait encore...



"We are peaceful, what are you ?" (Réponse : PAS NOUS)


Après, je ne vous en dirait pas plus de mes yeux vu, car j'ai abdiqué, ne souhaitant pas tester les fameuses cages, pas dorées du tout. J'ai retrouvé Linn et ses amis, un peu stressés à l'idée de se faire arrêter. Ils  avaient décidé de partir très vite. Moi je suis restée, un peu à l'écart, et je l'avoue l'œil vigilant sur le manège des flics qui ressemblaient à des chiens de berger (pardon mes amis les chiens...) tentant de rassembler les brebis égarées et de les ramener dans l'enclos. Drôle d'atmosphère, bizarrement calme, avec au loin les rumeurs de la mêlée, à l'image d'un match de rugby où le pack progresse en force mais au ralenti. La suite je l'ai su par le site web du journal danois Politiken. Bon j'ai pas tout compris, mais j'ai regardé les images et compris que 240 personnes avaient été arrêtées, ça fait encore du monde.

Avant de quitter les lieux, je me suis réchauffé les mains, l'estomac et surtout le coeur, avec un repas végétarien ("Dernier repas végétarien bio avant le Bella Center") offert aux activistes par une association. Que ça fait du bien de retrouver des humains !



En conclusion :

"It's now more ever" as said this Père Noël

Avec ce qui se prépare ici, le Père Noël va bientôt pouvoir troquer ses chauds vêtements contre un joli string ...