Démonstration de haute-école lors du magnifique spectacle du jour de la Saint-Martin (le 11 novembre), Dia de São Martinho, dont la célébration existe depuis 1571 et est à l'origine de la fête actuelle. Au passage, le spectacle était nommé "As invasões francecas, na Golegã, 200 anos depois !", que l'on peut traduire par : "Les invasions françaises, à Golegã, 200 ans plus tard !"... une raison de plus de ne tirer aucune fierté de ma nationalité !
Du 05 au 14 novembre 2010, comme chaque année depuis... la nuit des temps, Golegã - dans la province du Ribatejo, au centre du Portugal - a vibré au rythme d'une seule passion, celle du cheval. Mais pas n'importe lequel, le lusitanien. "Un cheval pour un roi un jour de fête" comme le dit José Veiga Maltez, maire de Golegã, également éleveur de lusitaniens et descendant de Manuel Veiga, le créateur au 19ème siècle d'une des plus célèbres lignées de pur-sang lusitanien.
Au delà de sa beauté et de sa noblesse, la souplesse est le terme qui résume le mieux les qualités mentales et physiques du lusitanien. Souplesse musculaire et flexibilité articulaire, d'une part, et souplesse de caractère, d'autre part : le lusitanien est serein, tolérant, courageux, généreux.
Ces qualités lui confèrent des aptitudes remarquables pour la haute-école, le travail du bétail et la corrida, mais au-delà c'est aussi un cheval polyvalent que l'on retrouve en concours de saut d'obstacles (comme le célèbre cheval blanc Novilheiro de John Whitaker) ou en attelage.
"Il est à l'image du peuple portugais, généreux, courageux, accueillant !" comme le disent en chœur les différentes personnalités de Golegã. Et c'est vrai, les portugais sont d'une hospitalité, d'une gentillesse, d'une simplicité et d'une disponibilité incroyables.
Le cheval est ici considéré comme un compagnon et non comme un outil. Il fait partie de la vie des gens, qu'il ponctue de la naissance à la mort.
Manuel Antonio de Moura Pacheco, professeur à l'université de Porto et Joaquim Antonio Aguiar Carvalho, avocat, amis depuis l'âge de 12 ans, cavaliers fervents des traditions portugaises et fidèles de Golegã depuis 40 ans
J'ai réalisé un reportage complet sur cette fabuleuse semaine, avec plusieurs angles : celui de la ville centaure, fusionnelle avec l'animal jusque dans ses moindres recoins; celui du cheval lusitanien, avec un panorama de ses utilisations, de son évolution.
Si je devais résumer ce que je retiens de cette aventure à Golegã... ce n'est pas un exercice aisé, il y a tellement de choses que je ramène de là-bas !
Le défilé incessant des cavaliers et des attelages sur la piste (flot que les piétons traversent pour rejoindre les manifestations au centre) entourant la magnifique carrière, qui tient lieu de place centrale à la ville
En premier, l'accueil des portugais, de magnifiques personnes, de grandes dames et de grands messieurs, au sens le plus noble du terme.. Inoubliable "eau-de-pied dans la maisounette" de Vitor...
Madalena Abecassis, éleveuse de lusitaniens, ancienne championne d'attelage de compétition avec ses chevaux, maintenant juge internationale et meneuse d'attelage de tradition
Ensuite, l'atmosphère unique du lieu, avec la fumée des châtaignes grillées qui s'élève des quatre coins de la place et stagne au-dessus de la ville en créant une lumière unique.
Même les chevaux raffolent des châtaignes grillées !
Puis les chevaux, magnifiques et omniprésents dans tous les coins de la ville, en images et en sons - à 95% des étalons ou des entiers, et quelques juments, car ici hors de question de couper quoi que ce soit à l'animal... une belle leçon, une de plus à tirer... - sortant des garages en plein centre, débouchant au galop au coin d'une rue, accompagnant son cavalier dans tous les bars de la fête (certains s'endormant même alors que leur collègue humain s'enfile des verres d'agua-pé à n'en plus finir !), et j'en passe tellement ils sont partout, et tout se passe bien, joyeusement et sereinement.
Presque chaque garage accueille des chevaux, pas des mécaniques mais des vrais de chair et de sang !
Le ch'ti pèpère s'endort alors que l'écurie est encore loin...
Un jeune garçon en costume traditionnel sur un superbe étalon crème (non, ce n'est pas un albinos mais au contraire une robe rare et recherchée, les albinos ne sont pas viables chez les chevaux)
Enfin, la mixité, sur tous les plans : hommes, femmes, de tous âges et de toutes classes sociales qui se retrouvent ici pour rendre hommage au cheval, cet archétype fondamental de l'inconscient collectif...