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9 octobre 2012

Voyage au coeur du vaisseau des étoiles

Cette excursion m'est apparue la veille au soir comme une évidence : je devais monter au Pic du Midi de Bigorre, où se situe le mythique observatoire. Oui, un appel venu tout droit du cosmos m'invitait à prendre place à bord du vaisseau des étoiles... alors... en route !


Depuis Cauterets, la route traverse le pays Toy (que j'adore) : Luz-Saint-Sauveur, Barèges.

Au passage, je signale à Barèges une formidable initiative inédite à ma connaissance : la création d'un sentier d'initiation au dessin, "Trait Nature", ultra pédagogique, accessible aux handicapés, avec deux itinéraires, un court comportant quatre pauses-dessins (740 m de long aller/retour), dans le parc des Artigalas et un long (4,7 km aller/retour), le chemin de la croix Saint-Justin.
Le belvédère sur le massif de l'Ardiden (itinéraire court)
Dans un décor magnifique, c'est une invitation à flâner, à observer puis stopper régulièrement le pas - souvent un peu militaire et acharné chez les "fondus" de montagne... - et à laisser s'exprimer sa créativité. Des moments paisibles à partager en silence... Puis c'est vraiment intéressant de voir les différences de perception de l'environnement d'une personne à l'autre : aucun dessin ne se ressemble alors que l'on a les mêmes paysages sous les yeux ! Une jolie façon d'ouvrir son esprit vers l'Autre...

Bon, je reprends la route... Une route de légende, surtout pour les cyclistes : la montée sinuo-vertigineuse vers le col du Tourmalet (2115 m). Je suis impressionnée par la difficulté du parcours, pourtant moins impressionnant que l'Aubisque et le Soulor, car moins à flanc de montagne : la route chemine dans un paysage de douce vallée qui ne donne pas l'impression d'être si haut.

La vallée de Barèges vue du col du Tourmalet
Enfin, c'est le franchissement du col du Tourmalet (facile... en voiture !) :

Le Géant du Tourmalet, hommage à Octave Lapize, premier cycliste à franchir le col lors du Tour de France en 1910. L'histoire de cette statue "voyageuse" est rigolote, à lire ici
Puis vient la descente tout aussi impressionnante sur La Mongie, station de sports d'hiver qui accueille la gare de départ de la télécabine du Pic du Midi.

C'est parti pour plus de 1000 mètres d'élévation vers la voûte céleste, suspendue à un fil... enfin, plusieurs gros fils quand même !
La Mongie et la gare de départ vues depuis la télécabine
Le trajet, qui dure environ 15 minutes, comprend deux tronçons : La Mongie (1785m) - Le Taoulet (2341m), et le Taoulet - Pic du Midi (2877m). Les cabines peuvent accueillir 45 personnes, mais là, nous ne sommes que 6 en comptant le "pilote" (qui ne pilote rien si ce n'est son talkie-walkie car les cabines sont télécommandées). J'ai du mal à imaginer 45 personnes là-dedans, de quoi me faire virer claustro... ça doit être l'horreur en été ! C'est trop cool en si petit comité, il est possible de poser des questions et de faire toutes les photos que l'on veut, de tous les côtés. La vue est époustouflante, malgré quelques nuages qui teintent les images d'un léger voile blanchâtre.

Le Pic du Midi vu de la gare intermédiaire du Taoulet


L'unique pylône du deuxième tronçon
A l'approche de la gare d'arrivée...
Voilà, tout est écrit, on y est !
A 2877 mètres au-dessus du niveau de la mer, les rayons du soleil, bien présent ce jour-là, sont plus vifs (mais on ne ressent pas la chaleur car la température est seulement d'environ 8°C), la pression atmosphérique chute aux alentours de 750 hPa (contre les 1013 à altitude zéro lors d'une journée de beau temps), donc l'eau bout à 92°C (d'où des difficultés en cuisine pour réussir certains plats).

Mise à part une petite poussée d’hypocondrie (car je viens justement de lire que certaines personnes peuvent souffrir, sans raison apparente, du mal aigu des montagnes, à partir de 2000m...), je ressens beaucoup de bien-être et un sentiment privilégié d'être en ce lieu mythique au cœur de la nature. Excepté les bruits humains (paroles, activités de "bricolage", etc.), il est possible de percevoir le silence des grands espaces en se plaçant à des endroits plus isolés de la grande terrasse.
Le panorama à 360° sur la chaîne des Pyrénées est fascinant...

Le lac l'Oncet, qui sert de réserve d'eau aux "habitants" du Pic, puisée grâce à des moto-pompes. A droite, un refuge abandonné, appartenant au Pic, pour lequel un projet de réhabilitation est en cours. En bas à gauche, les ruines de l'observatoire météorologique Plantade au col du Sencours.

Le site, organisé autour de la grande terrasse, présente une double vocation scientifique et touristique, c'est d'ailleurs ce second point qui l'a sauvé de la fermeture au milieu des années 90 (du 20ème siècle, je précise !). Il y a le relais de télévision - le deuxième plus important de France après la Tour Eiffel, qui couvre 7 millions de personnes - tous les télescopes, les bâtiments et laboratoires dédiés aux scientifiques, des salles de travail, une bibliothèque, etc. puis un restaurant (très bon !), une boutique et un espace muséographique extrêmement complet... voire un peu trop, disons qu'il manque un peu d'énergie, il y a beaucoup de panneaux à lire et peu d’interactivité et de multimédia. Quoi qu'il en soit, il y a de l'information, autant sur le lieu en lui-même, son histoire, que sur les activités scientifiques, l'astronomie, les phénomènes météo (record de vent à 288 km/h le 10 juillet 1984), etc.


Un dernier regard sur le lac d'Oncet, éclairé par la lumière devenue rasante en ce milieu d'après-midi, et c'est l'heure de reprendre la télécabine pour regagner le plancher des vaches (expression très adaptée aux Pyrénées et à ses animaux en liberté !). Avant de partir, j'ai la chance de regarder le soleil dans une petite lunette spéciale, installée par un scientifique-animateur, qui permet d'observer les éruptions et les tâches solaires. J'apprends également qu'il est possible de passer une nuit au Pic, histoire de vérifier que l'on n'est pas atteint du MAM (non ce n'est pas notre ancienne ministre, mais un autre mal dont j'ai déjà parlé, celui des montagnes !)... sérieusement ce doit être une expérience fabuleuse.


La descente s'amorce, bye bye le Pic !


Quand on voit ce petit machin suspendu au-dessus de ce grand truc, on peut se dire que les humains sont vraiment cinglés...

Une belle vue d'ensemble sur La Mongie
Et sur le plancher, ce ne sont finalement pas des vaches qui m'attendent...


Retour par le Tourmalet, baigné par la belle lumière de fin de journée... les rochers brillent et le Géant pédale toujours...