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3 août 2025

Les trois livres qui ont changé ma vie

 
Si ta maison était en flammes et que tu devais sauver seulement trois livres dans ta bibliothèque, lesquels choisirais-tu ?
 

Voici — un peu romancé — le défi lancé par Olivier Roland à sa communauté. Si les deux premiers livres ont jailli spontanément à ma conscience ce dimanche matin en lisant le mail d’Olivier, le troisième a été plus difficile à choisir. Plusieurs titres se bousculaient au portillon de ma mémoire, et mon esprit en mode cerveau gauche sautait de l’un à l’autre d’une manière analytique, rationnelle. Je cherchais des raisons qui pouvaient être nommées comme : oui, celui-là c’est un grand livre, un classique incontournable (L’étranger), celui-ci est une référence de la psychologie jungienne (L’homme et ses symboles) ou encore, cet autre est reconnu comme un basique du développement personnel, L’Alchimiste. Et d’un côté, ce n’était pas faux : chacun de ces livres avait contribué à me faire évoluer, comprendre mes fonctionnements, réfléchir à des concepts profonds de l’âme humaine, sujet qui est au cœur de mon parcours, de ma mission de vie.

 

Mais j’ai fait taire mon cerveau gauche (qu’est-ce qu’il est bavard celui-là !) pour laisser place à mon ressenti afin qu’il s’exprime et me fasse part de son choix. Ce qu’il a fait.

 

Voilà : le trio de tête est maintenant constitué et reflète la réelle importance, au fond de mon être qu’ont eu ces trois livres dans mon parcours de vie.

 

Trêve de bavardage : vous brûlez de savoir quel est mon tiercé gagnant, tadam...

 

 

Le premier livre qui m’est venu à l’esprit est Femmes qui courent avec les loups, de Clarissa Pinkola Estès. Un (gros) livre qui est longtemps resté mon livre de chevet, annoté, stabiloté, « marque-pagé », lu et relu plusieurs fois, en particulier le chapitre La Femme-Squelette qui a beaucoup résonné en moi à l’époque.

 

J’étais dans ma trentaine quand j’ai rencontré ce livre ­­­­– sur les conseils d’une amie, me semble-t-il. Embourbée dans des jeux relationnels, tiraillée entre l’envie de plaire au plus grand nombre, d’être acceptée, et le fait de trouver ma place dans le monde. En tant que jeune femme aussi, enfermée malgré moi dans des rôles appris et endossés depuis l’enfance, modelés par les parents et leurs (dys)fonctionnements.

 

Dans ce livre, Clarissa Pinkola Estès – psychanalyste jungienne et conteuse – explore la nature instinctuelle et sauvage de la femme. À travers une relecture symbolique de contes traditionnels du monde entier, elle exhume les archétypes féminins enfouis sous des siècles de répression culturelle, religieuse et psychologique.

 

Chaque conte sert de miroir et d’outil d’analyse pour révéler nos blessures et nos forces, les cycles de vie-mort-vie, les pièges du patriarcat, et les moyens pour les femmes de retrouver leur intégrité, leur créativité et leur pouvoir instinctif.

 

Ce plaidoyer initiatique pour un retour à la « femme sauvage », libre, intuitive, créatrice et profondément reliée à la nature a été très important pour moi, il a profondément marqué cette étape de ma vie pour entrer plus forte dans la suivante. Ce fut le début du processus de transformation dans lequel je balbutiais depuis quelques années, suite à des épreuves de vie, celles que tout le monde traverse : deuils, ruptures, déménagements, trahisons. Il m’a permis également de « rencontrer » Carl Gustav Jung, auquel je me suis beaucoup intéressée par la suite, et dont le concept d’individuation est pour moi fondamental. C’est le but d’une vie, à mon sens.

 

Sur ce chemin sinueux et semé d’embûches de l’individuation, La prophétie des Andes de James Redfield a marqué une nouvelle étape pour moi : celle de la présence au monde, de l’intuition et des synchronicités. Écrit en 1993, je l’ai découvert vers 2010, je ne sais plus comment (une synchronicité, sûrement !). Pour les puristes de la littérature, ce roman initiatique est une daube ou une fable New-Age ! Comme souvent, et c’est pareil pour les films, je me fiche éperdument des critiques des gens qui étalent leur science, étiquettent et s’attardent sur la forme tout en passant complètement à côté du fond. Ah les étiquettes, l’histoire de ma vie...  Devant une création, quelle qu’elle soit, je laisse mon ressenti me parler, mon être profond, celui qui n’a pas besoin de se la jouer intello, d’être dans la norme sociale, d’écouter l’avis de la majorité pour « faire bien ».

 

J’écoute, je lis, je regarde, avec mon âme d’enfant, pure. Sans jugement.

 

Dans ce roman, un narrateur anonyme, à un tournant de sa vie, est entraîné par une amie, dans une quête au Pérou à la recherche d’un ancien manuscrit supposé dater de 600av. J.-C., rédigé en araméen et contenant neuf révélations sur l’évolution spirituelle de l’humanité. Au fil de son voyage – de Lima aux Andes jusqu’à la forêt amazonienne – il découvre, au fil des rencontres et des évènements, les neuf révélations du manuscrit, censées ouvrir une nouvelle conscience collective.

 

Ces révélations demandent à s’éveiller à une nouvelle vision du monde, où tout le vivant est énergie, les conflits naissant du fait que certains veulent voler l’énergie d’autres pour combler leur vide intérieur au lieu de se connecter au Tout. Chaque être humain, en étant à l’écoute de l’âme du Monde, découvre que rien n’est hasard et qu’il a une mission à accomplir en harmonie avec l’évolution collective de la conscience humaine.

 

Ces concepts m’ont vraiment parlé. La conscience d’être tous inter-reliés (humains, mais aussi animaux, plantes, minéraux), le hasard qui n’existe pas (« il n’y a pas de hasard » dit la locution populaire) et surtout les jeux de pouvoir, destructeurs. Personnellement c’est ce troisième point qui m’a le plus intéressé dans ce livre, en résonance avec le sujet qui est au cœur de mon histoire de vie : ma relation à l’Autre.

 

Alors basta les critiques des rabat-joie, ce livre fait définitivement partie de mon tiercé gagnant !

 

Dans les mêmes années, un jour de grève à Paris, gare Saint-Lazare, cherchant à passer le temps, je tombe sur un livre dont le titre m’attire : Mange, prie, aime, de Elizabeth Gilbert. Je le dévore instantanément (et pourtant je suis une lectrice lente). Puis le film avec Julia Roberts, adapté de ce livre autobiographique, sort peu après. Film culte pour moi (mauvais et soporifique pour beaucoup !) que j’ai vu facilement plus d’une dizaine de fois au fil des ans.

 

Cependant ce n’est pas ce livre que j’ai choisi dans mon top 3, mais un autre, écrit par la même autrice quelques années plus tard : Comme par magie.

 

Ici il est question de créativité, une valeur fondamentale qui m’anime, presque aussi puissante que ma liberté chérie. Bien souvent la créativité semble réservée à une élite, des personnes triées sur le volet : les artistes. Comme si la créativité devait s’apprendre, comme s’il fallait prouver aux yeux du monde, se soumettre à son approbation pour créer.

 

Dans Comme par magie, Elizabeth Gilbert défend l’idée que la créativité est une force vivante, presque magique, que les idées sont toujours là, autour de nous, attendant notre collaboration. La créativité est partout, dans chaque geste du quotidien, même le plus banal. L’autrice démocratise en quelque sorte la créativité pour encourager quiconque à vivre la sienne, à sa manière. A vivre au quotidien de manière plus inspirée.

 

J’ai toujours eu ce ressenti que la créativité existe partout et en toutes circonstances, et que chaque être possède cette étincelle créatrice et créative mais que malheureusement beaucoup s’interdisent de mettre en œuvre. Peur des moqueries, de ne pas être légitime, manque de temps (car créer peut sembler futile dans une société utilitariste). Ici Elizabeth Gilbert nous décomplexe, fait sauter ces barrières et nous encourage à créer, à attraper ces idées qui tourbillonnent autour de nous, attendant qu’on leur donne vie.

 

J’espère que vous avez à votre tour envie de découvrir ces trois livres qui ont été de précieux compagnons pour moi. Peut-être les avez-vous lu ? Et vous, quels sont vos 3 livres à sauver de l’incendie ? Dans tous les cas, je serai heureuse de vous lire en commentaire. À vos plumes !

 

Cet article participe à l’événement «Les 3 livres qui ont changé ma vie» du site Des Livres pour changer de vie. C’est un site que j’apprécie pour ses analyses détaillées de livres inspirants. Un de mes articles préférés est La désobéissance civile, livre de Thoreau presque bicentenaire et pourtant tellement d’actualité…